vendredi 24 juillet 2009
avec la maturité, on apprend l’art d’attendre. Mais est-ce bien le cas dans tous les domaines ?
Savons-nous attendre, avant de porter un jugement définitif sur quelqu’un, d’avoir entendu le pour et le contre ? Un dicton populaire affirme : "Qui n’entend qu’une cloche n’entend qu’un son". Chacun sait qu’il y a au moins deux aspects à toute affaire ; sommes-nous si certains de détenir le seul qui soit juste ? Et puis, est-ce si nécessaire de se précipiter ? C’est le moment ou jamais d’appliquer l’adage : "Hâte-toi lentement". Ne nous est-il jamais arrivé d’avoir honte de nous-mêmes, parce que nous n’avons pas eu la patience - ou la miséricorde suffisante pour attendre ? Nous nous demandons alors pourquoi nous avons jugé si vite, avant de connaître réellement les tenants et les aboutissants.
une histoire raconte qu’une serveuse noire employée au réfectoire d’une université . Elle était toujours rayonnante, et les étudiants appréciaient beaucoup sa bonne humeur et sa serviabilité.
Mais un matin, alors qu’elle portait un grand plateau avec les petits-déjeuners, le plateau tomba à terre dans un grand fracas. Les débris de tasses et d’assiettes jonchaient le sol, assaisonnés de jaunes d’œufs et de café. Les étudiants, toujours prompts à apprécier un bon spectacle, hurlèrent de rire, et la bombardèrent de leurs quolibets. Mais lorsque leur excitation se fut apaisée, elle leur dit d’une voix blanche : "Jeunes gens, je crois que j’ai des larmes au bout des doigts, parce que mon garçon vient de se faire tuer hier , et je viens de l’apprendre. Je crois vraiment que j’ai des larmes au bout des doigts, oui, je crois que c’est ça !".
Un silence glacial se fit dans la joyeuse assemblée, et il était facile de voir que les garçons regrettaient amèrement leur conduite. L’un après l’autre, il s’excusèrent auprès de la serveuse, en disant qu’ils ne savaient pas.
Non, ils ne savaient pas. Nous savons si peu des autres. Nous ignorons ce qui se passe dans le secret. Certaines choses ne sont pas toujours faciles à dire, et diverses circonstances font que ce qu’on fait ou ce qu’on dit prend une tournure différente. Et parce que nous ne savons pas, nous jugeons injustement, et souvent sans miséricorde. Pourquoi ne pouvons-nous pas attendre un peu ?
Mais il arrive que ce ne soit pas seulement l’impatience qui nous empêche d’attendre. Parfois lorsque nous sommes nous-mêmes - ou pensons être - victimes d’une injustice, il n’est pas facile d’être miséricordieux, et nous jugeons durement ceux qui nous ont fait du mal. Si nous conservons cet état d’esprit, attendre devient paradoxalement un piège. Plus le temps passe, et plus l’amertume enfonce ses racines dans le terreau de notre cœur. Le seul et unique remède est le pardon inconditionnel. N’attendons plus pour nous placer devant le Seigneur. Au contact de sa douceur et de sa miséricorde, la glace qui s’est formée autour de notre cœur fondra aux rayons bienfaisants du Soleil de Justice.
Au fond de nous-mêmes, nous n’avons pas le désir d’être injustes et sans miséricorde envers quiconque. Alors, la plupart du temps, sachons attendre. Parfois nous découvrirons que nous nous étions trompés, et nous serons reconnaissants d’avoir attendu. Nous aurons ainsi évité bien des souffrances, pour les autres et pour nous-mêmes.
par Annette