vendredi 5 février 2016
L’ancien SG/PR dans son dernier livre intitulé Le Secrétaire Général de la Présidence de la République au Cameroun : Entre Mythes, texte et réalités, livre les secrets du palais d’Etoudi. De cette fonction prestigieuse à ses relations avec le Chef de l’Etat en passant par celles entretenues avec certains membres du gouvernement.
C’est notamment grâce à quatre années passées dans les hautes sphères du gouvernement, comme Secrétaire Général à la Présidence de la République (Aout 2002 à septembre 2006), que Jean-Marie Atangana Mebara dévoile les secrets d’Etoudi. Des secrets qui présentent justement un Président de la République accroché à son pouvoir. En effet, le prisonnier politique que se veut l’auteur de cet ouvrage, dans sa relation avec l’Homme lion, note : « Je crois avoir découvert que c’est quelqu’un qui est jaloux de son pouvoir … ». « Le Président BIYA est un homme de pouvoir, qui sait s’organiser pour préserver son pouvoir. Il veille particulièrement à être toujours bien informé ; en cela, je crois qu’il applique bien cette seconde leçon de MAZARIN : « Tu dois avoir des informations sur tout le monde, ne confier tes propres secrets à personne, mais mettre toute ta persévérance à découvrir ceux des autres. Pour cela espionne tout le monde, et de toutes les manières possibles. » Une déclaration qui laisse dès lors percevoir un Homme féru de pouvoir.
Le SG/PR un comptoir… ?
Le Secrétariat général de la Présidence de la République se veut-il un comptoir pour les occupants de ce poste ? Que nenni selon l’auteur de cet ouvrage. Un sujet qu’il trouve d’ailleurs inconvenant « Secrétariat général de la Présidence n’est pas un comptoir ! ».
D’ailleurs soutient-il, toutes les nominations ne passent pas par le Secrétariat Général de la Présidence de la République. De manière générale confie Jean-Marie Atangana Mebara, les administrations publiques élaborent elles-mêmes leurs projets de textes. Ceux-ci sont transmis au Premier Ministre pour approbation avant d’être envoyés au Président de la République. Des exceptions sont tout de même faites pour les structures relevant de la Présidence de la République. Il s’agit notamment du Ministère de la Défense, du Ministère chargé du Contrôle Supérieur de l’Etat, du Ministère de la justice… La Délégation Générale à la Sureté Nationale et les services du Secrétariat Général de la Présidence de la République sont à contrario sur le plan des nominations entre les mains du SG/PR. Un dernier point qui se veut toutefois arbitraire. « J’ai eu le privilège de faire approuver et faire signer des nominations au Secrétariat général à trois reprises. Qu’il y a des Secrétaires généraux qui n’ont pas réussi à faire une seule nomination à la Présidence. Ne me demandez pas pourquoi ! ».
Le G11 : La part de vérité d’Atangana Mebara
La Génération 2011, mythes ou réalité se sont longtemps questionnés les observateurs avertis de la vie politique du Cameroun ? Une interrogation à laquelle l’Ancien Secrétaire Général de la Présidence de la république Jean Marie Atangana Mebara répond par la négative dans sa nouvelle œuvre. Une réponse qui ne surprendrait pas plus d’un puisque l’opinion publique l’avait consacré meneur de cette nébuleuse de militants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais, à qui l’on prêtait l’ambition de préparer la succession du prince avant l’échéance électorale de 2011. « J’ai toujours eu la sensation que c’est à partir de ce Congrès que la coalition de mes ennemis, c’est-à-dire ceux qui avaient juré de me faire tomber s’est constituée ou renforcée. En tout cas c’est à partir de ce moment-là que j’ai lu un éditorial du journal du parti l’UNITE, évoquer, pour les dénoncer, ceux qui pensent déjà à la succession. Et on a attribué à ces « ambitieux » le nom de baptême de « Génération 2011 » fixé dans l’imaginaire collectif sous l’acronyme de G 11. ». Pourtant selon l’ancien SG/PR, le Président national du Rdpc n’avait jamais laissé entendre qu’il confierait les rênes du pouvoir à qui que ce soit. Encore moins lui : « Bien sûr que le Président BIYA ne m’a jamais promis de me confier le pouvoir un jour. Penser que le Président BIYA peut dire à quelqu’un qu’il lui confierait le pouvoir un jour, serait vraiment le méconnaître ».
Flagornerie ?
L’on reste tout de même sur sa faim au terme de la lecture de ce livre de 325 pages, subdivisé en deux parties. La première portant sur l’Historique du Secrétariat Général de la Présidence de 1960 à 2012, et la seconde sur le vécu de l’ancien SG/PR à ce poste. En effet, dans cet ouvrage préfacé par Eric CHINJE, le ton conciliant de l’auteur ne permet pas d’apprécier réellement les informations fournies notamment sur le Président de la République. L’auteur se veut en effet élogieux lorsqu’il parle du chef de l’Etat, qu’il décrit comme un homme travailleur. Jean Marie Atangana Mebara réfute ainsi tous les faits montrant Paul Biya sous des traits de vacancier permanent et de joueur invétéré de Songo. « Cela m’amusait toujours d’entendre dire que le Président était un homme paresseux, qui passait son temps à jouer au « songo ». Qu’il soit à l’étranger ou dans son village, il ne m’a jamais instruit de cesser de lui faire parvenir les dossiers. Et comme d’habitude, les dossiers m’ont toujours été renvoyés le lendemain ou au plus tard 48 heures après leur envoi. Je maintiens donc que ce Président s’organise pour continuer à exercer ses attributions où qu’il se trouve ». Un ton enjôleur que l’auteur utilise à répétition lorsqu’il s’agit du président de la République, pourtant selon certaines sources favorable à la détention de l’ex SG/PR.
L’auteur de cet ouvrage reste en outre peu disert sur la responsabilité du Chef de l’Etat dans la situation économique qui prévaut en ce moment au Cameroun. D’ailleurs les propos de l’auteur tendent à être dépourvus de toutes accusations à l’endroit des choix effectués par le Prince tout au long de son règne. Allant même jusqu’à soutenir des pratiques réprouvées par l’opinion publique telles que les sempiternels séjours privés en Europe.
Par Ben Christy Moudio(LNE)