lundi 25 janvier 2016
Le tout puissant gouverneur de l’ancienne province du Nord, (Adamamoua, Nord et Extrême-nord), plus du tiers du Cameroun, vient de tirer sa révérence. Portrait d’un cacique des régimes successifs à Yaoundé.
La nouvelle est tombée très tôt ce mercredi 20 janvier 2016 matin comme un couperet. Et s’est confirmée dans la journée. Alhadji Ousmane Mey n’est plus. L’ancien gouverneur de l’ancienne province du grand Nord est décédé très tôt ce mercredi matin dans sa résidence du quartier Bastos à Yaoundé.
Selon des informations, le centenaire qui était malade depuis plusieurs mois déjà a rendu son dernier souffle vers 3h, dans la nuit de mardi 19 au mercredi 20 janvier 2016. D’après les proches de la famille Mey éplorée, le dignitaire musulman sera inhumé conformément à la tradition musulmane dont il était un fervent fidèle. Pour ce faire, un avion spécial a été affrêté mercredi après-midi pour transporter le corps de ce patriarche Kotoko dans la capitale tchadienne N’djamena. De la capitale tchadienne, le cortège funèbre traversera le fleuve pour rejoindre Kousseri, le village du défunt du côté du Cameroun. Si d’ores et déjà, toute la grande famille Mey porte le deuil depuis mercredi matin, c’est toute la tribu Kotoko du grand Nord Cameroun qui perd un homme aussi important qui aura marqué positivement l’histoire du développement et de l’émancipation de ce peuple au Cameroun.
Selon des informations, Alhadji Ousman Mey de part la position de gouverneur de la province du Nord Cameroun et de celui de dignitaire Kotoko qu’il occupait, a contribué à la scolarisation des peuples Kotoko au Cameroun et fait recruter plusieurs d’entre eux dans les postes clés de l’administration camerounaise. Exploitant copieusement les bons rapports qu’il entretenait avec les présidents Ahmadou Ahidjo et Paul Biya, pour œuvrer dans l’émancipation de sa tribu. Plusieurs de ses fils aujourd’hui haut placés ont bénéficié de l’excellente amitié avec le président de la république pour occuper les postes hauts placé dans l’administration. Sa disparition crée un grand vide incommensurable au sein du peuple Kotoko et au sein de sa famille biologique. Ces dernières années, Ousmane Mey vivait entre Yaoundé et Kousseri. Il décède alors qu’il occupe toujours les fonctions de Président du Conseil d’administration de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps).
Biographie
Né dans le grand Nord Cameroun, Alhadji Ousman Mey est un fervent musulman de la tribu des Kotokos qui entretenait de très bon rapport avec le président Amadou Ahidjo. Inspecteur Fédéral d’administration de la province du Nord Cameroun en 1968, (Adamaoua, Nord et Extrème Nord), Ousman Mey faisait partie du cercle fermé des amis du président Ahmadou Ahidjo qui ont contribué à la rédaction de la constitution de l’Etat unitaire du Cameroun. Il était personnellement chargé de la saisie de la mouture de cette constitution modifiée et validée lors du passage du Cameroun de l’Etat fédéral à l’Etat unitaire en 1972. Après ce succès réalisé, comme pour le gratifier, le président Ahmadou Ahidjo le nomme gouverneur du la province du Nord. Cette partie du Cameroun aujourd’hui divisée en trois régions. Il administre cette région de 1972 à 1983 quand il va à la retraite. C’est-à-dire pendant 15 ans. Après les réaménagements faits dans l’administration camerounaise, réaménagement consécutif au putsch manqué de 1984, Paul Biya qui a relevé plusieurs "nordistes" des hautes fonctions de la république le rappelle aux affaires. Il le nomme comme inspecteur général du ministère de l’administration territoriale. Des informations font état de ce que c’est lui qui a permis au président de la république Paul Biya de contrôler aisément le grand Nord Cameroun réfractaire à son accession au pouvoir surtout après le pustch manqué de 1984. Dans son fief de Kousseri, celui qu’on nommait « Le Vieux » était une personnalité ressource du Rdpc. Parmi ses enfants, il laisse au Cameroun, l’actuel ministre des finances, Alamine Ousmane Mey et l’actuel secrétaire général du ministère de la culture, Moctar Ousmane Mey.
Par Hervé Villard Njiélé(LNE)