mercredi 11 novembre 2015
L’exigence bien pensée de cette pièce pour prendre part aux opérations de renouvellement des bureaux des organes de base est paradoxalement le pavé dans la marre de cette opération.
Toutes les équipes chargées d’organiser les opérations de renouvellement des bureaux des organes de base du Rassemblement démocratique du peuple camerounais, (Rdpc) au pouvoir à Yaoundé, cherchent depuis plusieurs semaines la solution à la même équation : comment chaque militant doit participer aux opérations de renouvellement de ces bureaux , muni de sa carte d’adhésion et des cartes de cotisation des quatre dernières années comme le prescrit la circulaire du président national ? C’est comme si Paul Biya avait enfin identifié un problème, en plaçant la « carte » au centre de toutes ces opérations. La manipulation de ce sésame sur le terrain lui donne finalement raison. Parce que les échos indiquent presque partout que celui qui contrôle la distribution des cartes contrôlera également l’issue des opérations électorales. Et les anciens au poste, bien légitimement, ne veulent point céder la place. Dans le Mbéré par exemple (Adamaoua), le militant ont failli en venir au point, parce qu’ils contestent Harouna, Président de section Ojrdpc sortant qui veut rempiler à la section Ojrdpc, alors qu’il est frappé par la limite d’âge. Ses camarades lui attribuent 37 ans, au-delà de l’âge exigé pour rester dans la section des jeunes. Un jeune militant de la région crie sa colère : « En 1997, Ali Abana a été contraint d’abandonner la Section Ojrdpc du Mbéré, disqualifié par la clause limitant l’âge maximum du candidat à 30 ans, au profit de Moussa Ahidjo. En 2002, ce dernier fût contraint d’abandonner ladite section au profit de Nana Abdoulaye pour les mêmes raisons. En 2007, Nana Abdoulaye frappé par la limite d’âge fût contraint de céder sa place à Harouna. Aujourd’hui, Harouna qui a plus de 37 ans, est disqualifié par les mêmes dispositions, bien que revues à 35 ans ». Tous voient derrière ces manœuvres l’honorable Halia Moussa, Baba Aboubakar, le vice-président de la section qui s’en défendent énergiquement. Un membre de la commission communale ici révèle que des cartes pour plus de 20 millions Fcfa ont déjà été placées. Mais difficile de savoir les chemins pris par ces cartes et cet argent. Les récriminations sont presque les mêmes à travers le pays. Une opération de laquelle le parti au pouvoir risque sortir bien plus affaibli. A Douala 3, le président sortant de la section, Manga Zang, crie à la manipulation de certains cadres du parti qui le poussent à céder sa place à un candidat présenté comme « celui du sommet ». Et des militants ne comprennent pas pourquoi les autorités administratives rodent autour de ces commissions qui manœuvrent pour un candidat ou pour un autre. Le Dr Fritz Ntone Ntone, président de cette commission communale, est bien au courant de ces manœuvres qui vont certainement compliquer sa mission. La circulaire de Paul Biya du 27 juillet 2015 prescrit pourtant clairement « la loyauté, la fidélité et la disponibilité ; l’ancienneté et les services rendus au parti ; l’exemplarité, la moralité et la discipline ; l’expérience dans l’encadrement des structures de base, la capacité à convaincre, à mobiliser et rassembler ». Toutes ces batailles sont menées, loin des militants qui devraient être les véritables cibles de toute campagne électorale. Mais ils ne vaudront rien, s’ils ne sont pas détenteurs des cartes encore contrôlées par les « états majors » longtemps décriés par le président national du Rdpc.
Par David Nouwou(LNE)