vendredi 8 janvier 2016
La Directrice générale du Fonds monétaire international vient pour un séjour de trois jours. Au menu de sa première visite au Cameroun, intégration économique, croissance, carburant, monnaie et dette.
Au regard du programme de la visite de Christine Lagarde au Cameroun, son séjour de trois jours ne sera d’aucun repos. La Directrice générale du Fonds monétaire international (Fmi) qui pose ses pieds ce jour à Yaoundé par vol spécial (en provenance d’Abuja-Nigéria) vient renforcer le partenariat entre le Cameroun et l’institution qu’elle dirige, mais aussi, rappeler aux dirigeants du pays et à ceux de la sous-région Afrique centrale (Beac/Cemac) sa vision de l’avenir de l’économie Camerounaise. Pour sa première visite au Cameroun, on imagine des rencontres empruntes de diplomatie, mais aussi de mise en garde. Car comme on l’a souvent observé lors des missions du Fmi au Cameroun, l’objectif c’est de tenter de remettre le Cameroun sur le droit chemin.
Un bref regard vers la dernière mission du Fmi au Cameroun effectuée en novembre dernier permet de mesurer l’ampleur des points d’achoppements entre le Cameroun et l’institution de Bretton Woods. Un « déficit qui devrait rester au-dessus des 5% du PIB jusqu’en 2018, à cause des recettes (qui) souffrent de la baisse des prix du pétrole et les dépenses d’équipement continuent d’augmenter » ; l’augmentation de la dette publique causée par « le recours à des financements extérieurs, y compris non concessionnels, pour les dépenses d’équipement » ; et un déficit des transactions extérieures courantes en augmentation pour passer à 5,1 % du PIB, « du fait de la baisse des prix des exportations et de la vigueur persistante des importations, portée par l’expansion de l’investissement ».
Ce que Christine Lagarde attend du Cameroun
Bref, avait conclu le Conseil d’administration du Fmi, « Les risques entourant les perspectives sont principalement d’ordre externe : il s’agit notamment d’une baisse supplémentaire des prix du pétrole et d’une augmentation des menaces pour la sécurité. Parallèlement, des risques internes, tels que les engagements conditionnels des entreprises publiques, pourraient peser sur les finances publiques ».
Christine Lagarde l’a très souvent martelé, les pays de la zone Afrique subsaharienne, confrontés à la baisse des cours mondiaux du carburant et des matières premières n’auront d’autre choix que de diversifier leur économie pour avoir la vie sauve. Et dans la sous-région Afrique centrale, c’est sur le Cameroun que compte la Directrice générale du Fmi pour poser les jalons de cette réforme. Ici, Christine Lagarde va rappeler aux institutions camerounaises et à celles de la Cemac la nécessité de lutter contre les vulnérabilités budgétaires et extérieures. Notamment en adoptant des réformes structurelles plus ambitieuses en matière de budget et de gestion de la dette. Elles sont « sont essentielles pour préserver la stabilité macroéconomique, doper l’investissement privé et promouvoir une croissance plus forte, durable et inclusive », avait déjà noté le Fmi.
La fin aux subventions sur le carburant
L’autre sujet de discussion, et non des moindres, devrait porter sur les subventions sur le carburant accordées par l’Etat. Depuis 2008, le Cameroun n’a lâché aucun bout dans ce contentieux qui l’oppose à son partenaire au développement. A l’époque, les autorités camerounaises se défendaient de permettre une stabilité des prix en injectant une enveloppe de d’environ 4% du Pib par an pour juguler la hausse des cours mondiaux du carburant. En février 2008 par exemple, les cours mondiaux du baril de Brent avaient franchi pour la première fois les 64,50 dollars le baril. En réalité si l’Etat avait arrêté la subvention, le super par exemple couterait 820 Fcfa le litre, contre 569 Fcfa à la pompe (chiffres de 2013), se défendait le ministère des Finances.
D’après des projections faites par le Fmi, entre 2009-2012 le coût total de la subvention énergétique était estimé à 944 milliards de FCfa, soit 7,3% du PIB. En 2013, cette subvention représentait environ 4% du Pib. Avec des cours mondiaux revenus à la baisse (un peu plus de 35,6 dollars le baril de Brent), Christine Lagarde ne manquera pas de saisir l’occasion. Pour 2016, le Fmi a encouragé « les autorités à profiter du faible niveau des cours du pétrole pour supprimer les subventions aux carburants tout en déployant un dispositif de protection sociale en faveur des populations pauvres ». Certes, la Loi de Finances 2016 promulguée par le président de la République a supprimé les 201,3 milliards de F.CFA de subventions accordées à la Sonara. Mais discussions promettent à nouveau d’être passionnantes.
L’intégration sous-régionale
Dans la sous-région Cemac, Christine Lagarde entend consolider le rôle moteur du Cameroun. Que ce soit en matière d’intégration sous-régionale, ou en matière de solidité économique. Dans une communication rendue sur le site Internet du Fmi, elle pense que « Le Cameroun, dont l’économie est la plus vaste et la plus diversifiée de la Cemac, est à même d’entretenir et de renforcer la dynamique de l’intégration ». « Le pays et l’ensemble de la région de la Cemac sont aux prises avec le double choc de la chute des cours du brut et des perturbations sécuritaires. Le renforcement de l’intégration régionale et la mise en œuvre d’ambitieux programmes de réformes dans les pays de la Cemac seront déterminants pour assurer la stabilité macroéconomique, et rétablir une croissance forte et inclusive dans la région ».
Autant dire que le passage à la Présidence de la République, à la Primature, au ministère des Finances, à la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), à la représentation de la Cemac et sa rencontre avec certains acteurs de l’économie (à Douala) est prometteur.
Par Frégist Bertrand Tchouta(LNE)
Cameroun a rejoint le Fonds le 10 Juillet 1963
Quota total : SDR 185.70 millions de DTS
Encours de crédits : 18.57 million de DTS
Source : Fonds monétaire International