dimanche 7 mai 2017
Dans un pays en chantier, le BTP en mouvement est forcément une aubaine pour les opérateurs de la filière ciment.
Le marché du ciment au Cameroun affiche aujourd’hui l’un des plus beaux retournements de situation du paysage économique national. En une quinzaine d’années à peine, l’on est passé de l’incertitude totale à la sérénité la plus béate. En 2017 en effet, on peut entamer un projet dans le bâtiment et les travaux publics sans la moindre crainte d’être interrompu pour cause de rupture de l’approvisionnement en ciment. La diversification rapide de l’offre a transformé en tranquillité ce qui était un vrai cauchemar pour les promoteurs et les responsables de chantiers. Ce n’était pas donné, au début des années 2000, quand le marché d’alors, complètement pris de court par une demande boostée par le boom de l’immobilier, avait affiché ses limites et plongé le pays dans une grave crise du ciment. Un seul opérateur local à l’époque et des importations bien trop timides, des chantiers qui poussaient comme des champignons : les ingrédients étaient réunis pour le blocage. La spéculation faisait son lit et en rajoutait aux difficultés. Il fallait parfois se faire inscrire à l’avance pour espérer avoir quelques tonnes de ciment et poursuivre sereinement son chantier. Le prix du sac de 50 kg de ciment ordinaire dépassait aisément la barre de 5000 F.
Le seul point commun entre la situation d’il y a une quinzaine d’années et celle d’aujourd’hui est malheureusement le prix. Il n’a pas énormément bougé, se situant toujours aujourd’hui pas très loin de 5000 F, le sac. Les consommateurs sont pourtant en droit de s’attendre à une répercussion substantielle de la formidable métamorphose subie par la configuration du marché au lendemain de la crise des années 2000. Crise qui a fait prendre conscience de la nécessité d’ouverture. Il y a eu des vannes ouvertes en matière d’importation. Mais surtout cette arrivée d’opérateurs étrangers, qui sont venus mettre fin au monopole de la société Cimenteries du Cameroun (Cimencam).
La bataille du ciment, se dispute aujourd’hui entre Cimencam, Les Ciments de l’Afrique (Cimaf), opérateur marocain installé depuis février 2014 ; Dangote Cement du célèbre industriel nigérian Aliko Dangote qui a donné un grand coup de fouet au marché depuis la mise sur le marché de ses premiers sacs début 2015 ; et enfin la cimenterie Medcem, d’origine turque. Ces opérateurs ont non seulement plutôt bien réussi leur intégration dans le marché. Mais depuis quelques semaines, affichent clairement leurs ambitions d’expansion. Dangote annonce une nouvelle usine à Yaoundé. Cimencam en fait de même, après avoir diversifié son offre pour faire face à la concurrence. Tandis que Cimaf vient d’entreprendre d’augmenter la capacité de son usine de Douala.
Tout cela est très révélateur de la bonne santé de la filière. Une filière dont la production est passée de 1,6 millions de tonnes avant 2014 à 4,2 millions en 2017. Les projets d’expansion susmentionnés devraient la faire grimper encore à plus de 7 millions de tonnes dans un an. Bien au-dessus de la demande nationale actuelle estimée à 3 millions de tonnes par an. Alors, quoi de plus légitime, que d’espérer une chute des prix ?
Par Yves ATANGA(CT)