vendredi 8 janvier 2016
C’est l’essentiel de la concertation entre les nationaux de la Suisse, Londres, France, Bruxelles, New- York, tenue en fin décembre 2015 à Genève.
A deux ans de la Présidentielle 2018, la diaspora camerounaise multiplie les rencontres pour peser de tout son poids dans les débats politiques nationaux qui s’annoncent. Tel est l’objectif du forum organisé les 26 et 27 décembre 2015 à Génève. Une initiative de la diaspora camerounaise Suisse. Cette dernière a échangé avec les Camerounais résidant à Londres, France, Bruxelles, New York ainsi que certains membres de l’opposition et quelques représentants de la société civile. Politiquement active d’après des observateurs avertis, ladite diaspora camerounaise a voulu non seulement échanger sur l’actualité politique nationale mais aussi de prendre position sur l’évolution politique actuelle au pays. « Nous souhaitons une fin immédiate du régime Biya, la concertation de la diaspora politique camerounaise vise à étudier les modalités devant permettre à cette diaspora de peser de tout son poids dans les débats politiques nationaux qui s’annoncent, et ce dans le but de permettre ou de contribuer à l’avènement d’une alternance politique immédiate au Cameroun », a-t-on fait savoir. Les membres en ont profité pour proposer leurs vues sur les orientations et actions politiques qui s’imposent désormais au peuple au moment où la nation tout entière, plus que jamais, aspire « à tourner définitivement la page de Biya au Cameroun ».
D’après ces nationaux vivant à l’étranger, le manque d’alternance pacifique est un des symptômes qui nourrit la déception à l’égard de l’importation de la démocratie à l’occidentale dans les pays africains. En dehors de quelques rares cas comme le Sénégal, où Senghor cède le pouvoir à son Premier ministre Abdou Diouf en 1981, ou une année après, lorsque Ahidjo donne les rênes du pays à Paul Biya, « l’alternance reste généralement lettre morte ou bien se fait dans le sang. Les évènements récents au Kenya, au Zimbabwe, ou en Mauritanie nous rappellent cette triste réalité. Les Africains avaient espoir que la lointaine chute du mur de Berlin change aussi quelque chose pour eux, mais la proclamation de la fin de l’histoire et de l’avènement de la démocratie de marché par certains intellectuels avait été sans doute quelque peu hâtive », laissent entendre les concernés.
Un système électoral archaïque
Dans ses analyses, Hilaire Kamga, porte-parole de la Plateforme de la société civile pour la démocratie déclare que le souhait d’une alternance politique se justifie par le fait que depuis 1960, le même système est resté en place, « c’est-à-dire le système néocolonial d’abord incarné par le premier président, Ahmadou Ahidjo, puis par Paul Biya depuis 1982. Les mécanismes de ce système basé sur les réseaux, la mafia, ont tellement gangréné la société qu’il n’était pas possible pour les forces de se structurer et de s’organiser sur le long terme face au pouvoir ». Il poursuit : « il y avait une trop grosse mainmise des réseaux mafieux néocoloniaux, qui rendait l’alternance impossible. Mais aujourd’hui, bien heureusement, la nouvelle génération est déterminée à prendre son destin en main ». Autre handicap soulevé consiste en ce que, pour les compatriotes, le président actuel de la République concentre tous les pouvoirs. « Depuis 29 ans, le chef de l’Etat incarne à la fois le pouvoir exécutif, législatif et judiciaire. L’opposition camerounaise n’est jamais parvenue à obtenir la majorité au Parlement. Sur les 180 députés que compte l’Assemblée nationale camerounaise, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), le parti au pouvoir, en compte près de 150. Le Social Democratic Front (Sdf), le principal parti d’opposition, en compte 18. Et certains partis d’opposition n’ont qu’un seul député. Celle-ci peine à jouer véritablement son rôle de contre-pouvoir ».
Par Linda Mbiapa(LNE)