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Le triangle de la mort : le voyage de toutes les incertitudes.

vendredi 1er juillet 2011


Maïgari Bello Bouba, le ministre des Transports met le holà par un arrêté, il interdit désormais les voyages de nuit dans ce qu’on appelle au Cameroun le triangle de la mort. C’est-à-dire les trajets Douala-Yaoundé, Yaoundé-Bafoussam, Bafoussam-Douala. Aussitôt rendu publique, cette mesure, comme d’ailleurs toute autre qui concerne des centaines voire des milliers de personnes, divise les usagers de la route et l’opinion publique. Les uns la trouvent excessive, voire sans lendemain, les autres la jugent salutaire. On fait donc comment ? Les partisans des déplacements nocturnes ne passent pas par quatre chemins pour défier le ministre des transports. Ils lancent leurs bus dans la nuit comme si de rien n’était. On verra ce qu’on verra !

Je pense que dans un premier temps, il faut observer strictement l’arrêté ministériel et mettre à l’étude les moyens et les mécanismes destinés à limiter le nombre de morts et de blessés sur cette route. Il faut reconnaître que les accidents dans ce triangle de la mort n’arrivent pas que de nuit. On en déplore à toutes les heures de la journée. Surtout en plein jour. Pour des causes connues de tous. Pour moi, tout commence par l’irresponsabilité des Camerounais.

Parmi nous, nombreux sont des têtes fêlées qui n’ont de respect pour personne, en commençant par eux-mêmes, ni pour rien. Parce qu’on n’a déjà pas de respect pour soi-même, on se permet toutes les jongleries. Jusqu’à celles qui peuvent nous coûter la vie en entraînant les autres à la mort.

Dans leur immense majorité, les Camerounais n’ont pas la notion de l’heure. Raison pour laquelle, au dernier moment, ils se croient obligés de rouler à tombeau ouvert pour tenter de rattraper le temps perdu. Ils oublient qu’ils s’engagent ainsi sur les axes routiers des plus dangereux du monde. Parce que les enveloppes destinées à leur réalisation ont été plusieurs fois grignotées en catimini pour le bonheur des fonctionnaires qui gèrent les projets.

Conséquences : ailleurs on parle d’auto-routes. Au Cameroun, on a inventé les axes lourds qui mènent à la mort. L’axe Douala-Yaoundé est resté un éternel chantier. Cette route a-t-elle jamais été réceptionnée ? Depuis son ouverture à la circulation, combien de ministres et de directeurs sont passés aux Travaux publics ? Voilà des axes ouverts à la grande circulation, mais peu ou prou entretenus, dépourvus d’éclairage public et de tous les autres équipements propres et nécessaires à ce genre d’ouvrage.

Les axes Yaoundé-Bafoussam et Bafoussam – Douala ne sont pas mieux lotis. Etroits et sinueux, ils sont par endroit jonchés, non pas de simples nids de poule, mais de cratères souvent à l’origine de véritables hécatombes. A tous les coups, on compte les morts ! on se tait et on se croise les bras. A la santé des vivants, tant pis pour les morts. A chacun son jour et sa cause de décès.

Les projets s’entassent pourtant sur des tables ou dorment dans les tiroirs. Ils ne sont jamais concrétisés pendant que ceux qui sont nommés pour les conduire à leur « point d’achèvement » s’embourgeoisent et s’engraissent benoîtement. Tant pis pour le reste. La chèvre ne broutte –t-elle pas là où elle est attachée ?

On ne parlera jamais des méfaits de l’ère Biya sans évoquer l’ère Ahidjo. Ce n’est pas tant pour dire que tout allait pour le mieux. Cependant, on n’attendait pas le désastre pour sanctionner la corruption et d’autres travers sociaux. Rappelons à ce sujet les lendemains de la 8ème coupe d’Afrique des nations de football. On a vu défiler devant la barre et séjourner en prison du beau monde parmi ceux qui ont eu à gérer l’organisation de ce tournoi à l’époque. Nous étions en 1972. La même année, les lois Achidi Achu – alors ministre de la Justice – ont envoyé devant les pelotons d’exécution une quinzaine de jeunes gens qui s’étaient spécialisés dans le vol des coffres – forts. Les viols sur mineurs ouvraient les portes de prison à leurs auteurs. Ces sanctions et d’autres ont instauré la prudence voire la peur dans les esprits. Une peur, comme celle du gendarme, qui a assagi tout le monde.

Sous le Renouveau, tout s’achète, impunément. Parfois à vil prix. Sinon, quel est le prix d’une vie ? Quand on recense le nombre de morts sur nos routes, c’est tout simplement effarant. On a pensé, avec l’avènement des agences de transport dites pour V. i. p, que l’on voyagerait non seulement dans un certain confort, mais surtout en sécurité. Hélas, on paie 6000 francs sans être sûr de partir à l’heure annoncée. Parfois le voyage est annulé, alors qu’on a fait la réservation. Quand on peut partir, on n’est pas sûr d’arriver à destination parce que le gros porteur à bord duquel on voyage s’essouffle quelque part entre deux localités et bien loin du point de départ comme de destination. Ces bus réputés climatisés le sont de moins en moins. Malgré le désagrément et le préjudice, point de réparation ou de consolation. La compagnie a encaissé les sous, tant pis pour les voyageurs ainsi spoliés. Les hôtesses bien habillées d’avant ont disparu des bus, laissant la vente des sandwichs aux motorboys presque en guenilles, et puant la sueur. On va faire comment ? N’essayez surtout pas de faire la moindre remarque. On vous fait savoir fermement que vous n’aviez qu’à voyager avec votre propre véhicule.

C’est ainsi que parti de Douala ou de Yaoundé à bord d’un bus V.i.p. moyennant 6000 francs, on achève le trajet serrés comme sardines en boîte à bord d’une « hiace » ou d’une « Coaster », à ses propres frais, s’il vous plait, et si ce n’est dans une morgue ou dans un hôpital. N’est pas investisseur qui le veut, mais qui le peut. Surtout dans un domaine aussi pointu que le transport. Qu’il soit aérien ou terrestre, le transport a les mêmes exigences et ceux qui s’engagent dans ce secteur se doivent de bien traiter leurs clients et leurs biens.

Imaginer le désarroi des occupants d’un bus qui prend la route avec deux heures de retard et qui tombe en panne dans la brousse avec bébés, enfants en bas-âge et femmes enceintes à bord, à cause d’une courroie de moteur coupée. Pas de pièces de rechange à bord ni outils de dépannage. J’étais parmi les victimes d’une telle défaillance le 17 juin entre Pouma et Edéa. Et comme si cela ne suffisait pas, à quelque 35 kilomètres de Douala, un accident, avec des morts à la clef, a interrompu la circulation près d’une heure durant.

En commentant la décision du ministre des Transports dans un dossier paru dans la livraison de Mutations mardi dernier 28 juin, mon confrère, ami et frère Xavier Messe à Tiati, rédacteur en chef de ce quotidien, écrit ceci « enfin, tout peut être fait ou dit sur les accidents mortels de la route ; il sera difficile, voire impossible de les faire diminuer, tant que la corruption demeurera présente au Cameroun. Un pays qui a instauré la corruption dans son système de fonctionnement, n’a plus ni moralité, ni esprit civique, ni sens du patriotisme. C’est un pays où tout s’achète, tout se vend…même la vie humaine ».

Nous en sommes là. Ne soyons pas surpris de constater que l’interdiction des voyages de nuit sur nos axes lourds ne sera qu’un coup d’épée dans l’eau. Parce que l’argent de la corruption aura le dernier mot. N’a-t-on pas souvent vu les compagnies de transport inter-urbain frappées de suspension, remettre illico presto leurs bus en circulation sous de nouvelles dénominations et à partir des mêmes sites ? Allez dire ! vous nargue-t-on. Le Cameroun, c’est vraiment le Cameroun. On va faire comment alors ?

Par Jacques Doo bell(Le Messager)

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