vendredi 10 décembre 2010
Certes, le Christ qui connaissait les faiblesses humaines et la force du diable a bien dit aux baptisés que ses disciples feraient à travers le monde : « faites ce qu’ils vous disent, mais ne faites pas ce qu’ils font ».
Heureusement qu’en cette aube du 21e siècle la chrétienté camerounaise peut se référer à ce précepte pour fortifier sa foi qui, au demeurant, est un don de Dieu lui-même. Car l’Eglise catholique qui se dresse désormais sur ses 120 ans de contribution au développement spirituel, culturel et social du Cameroun est bien obligée, de constater que, non seulement elle n’a pas réussi à faire des élites chrétiennes ce fer chrétiennement trempé qui ne peut rien toucher sans le « brûler », mais encore sa hiérarchie n’est plus un exemple de vertu pastorale. Le prêtre dont la présence et la prestation étaient hier une forteresse de ressourcement et de confort spirituel et moral, est devenu une source de scandale pour les fidèles, et le prétexte diabolique pour éloigner de l’Eglise ceux des baptisés dont la vie chrétienne se limitait à l’eau du baptème et aux messes du dimanche.
Aujourd’hui, il faut « croire en esprit et en vérité » pour être chrétien catholique, et penser que le ministère de la parole exercé par le prêtre peut vous envoyer au ciel pendant que lui-même prend le chemin de l’enfer sur la base de son mérite personnel. Et lorsque la foi est seulement affective, le diable a vite fait de vous suggérer que si le prêtre, et l ‘évêque, disciples du christ, se donnent des libertés à l’égard des vertus chrétiennes, vous n’avez pas à vous donner toutes les peines de la discipline pour « être plus catholique que le pape ».
Qu’est-ce à dire ? Tout simplement que si le pape qui dans chaque diocèse s’appelle l’évêque et dans chaque paroisse le prêtre, cesse d’être un exemple de vie chrétienne avec ce que cela comporte d’obéissance au christ, de pauvreté et de chasteté consenties, pour se préoccuper d’aisance matérielle, et vouer un culte à l’argent-dieu, instrument de pouvoir et de domination, et que malgré cela il mérite le Royaume des cieux, il n’y a pas de raison qu’il exige du paroissien d’être meilleur que lui.
La hiérarchie de l’Eglise catholique qui est au Cameroun a besoin d’un aggiornamento local, pour redevenir le guide de ses fidèles ; pour que sa parole redevienne convaincante et inspire la vraie foi, pour que la pastorale ne glisse pas sur les baptisés comme l’eau de pluie sur le canard, et que la chrétienté ne soit plus ce manteau que l’on accroche au vestiaire après la messe du dimanche, pour entrer dans une vie hebdomadaire de païen.
L’aggiornamento dont nous parlons doit consister pour notre clergé, à se regarder dans le miroir de l’évangile et de leur engagement de prêtre, en s’interrogeant sur leur qualités pastorales, leurs connaissances théologiques, leur train de vie, tout cela afin que leur vie ne soit pas pour les chrétiens innocents un objet permanent de scandale. C’est à l’avenir l’objet du devenir de l’Eglise catholique qui est au Cameroun.
Par Jean Baptiste SIPA(Le Messager)